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  • Photo du rédacteuraurore malet karas

Un acte sexuel ne consent pas, il se désire !



Consentir, c’est donc ne pas exprimer son désir propre, se conformer à celui d’un autre, au final, celui qui consent n’est jamais désirant. Et si le problème était là, et si nous faisions fausse route en nous gargarisant avec ce concept qui nous empêche d’être pleinement sujet pour nous enfermer dans le désir de l’autre ?


Au 6ième siècle avant notre ère, on retrouve l'histoire de Lucrèce, femme d'un capitaine de l'armée romaine, qui subit un viol par le prince Sextus Tarquin... avec son consentement. Comment est-ce possible ? Comment peut-on consentir à un viol ? Sous la menace, pardi ! En effet, Sextus lui propose deux choix : soit il la viole et lui laisse la vie sauve, soit il la tue, et comble du déshonneur, tue aussi l'esclave en disant qu'il les a surpris ensemble. Entre les deux choix, la pauvre Lucrèce choisit celui qui lui laisse la parole. Elle consent donc à son viol, parle ensuite, mais, souillée à tout jamais, se suicide devant son mari et son père.



La Tragédie de Lucrèce (Storia di Lucrezia en italien), par Sandro Botticelli


Si vous pensez que ce n'est q'une histoire romancée, détrompez vous ! Les témoignages de violences sexuelles sont beaucoup plus proches de l'histoire de Lucrèce que du méchant psychopathe qui rode la nuit dans les parkings.


Dans cette histoire, il y a un double standard insupportable pour les femmes. Le premier est relatif au consentement. Le consentement équivaut à la résignation. Lucrèce n’est jamais désirante. Son consentement n’est qu’un moyen d’échapper à la violence. Elle donne un exemple aux femmes romaines : une femme ne désire pas. Une femme subit la sexualité. Voilà un insidieux mantra encore bien ancré dans la société

Le deuxième standard que son histoire impose aux femmes est l’interdiction de se remettre du viol. La souillure est ineffaçable et une femme doit préférer la mort – au moins symbolique – à la résilience. La femme violée qui se remet, encore aujourd’hui, est suspecte. La société préfère l’enfermer dans l’identité de victime.



La réalité du terrain c’est qu’une femme va consentir à un rapport sexuel pour éviter les coups, elle va consentir à une pratique particulière pour en éviter une autre, elle va consentir à un rapport pour “faire plaisir”, ou "pour que ça passe plus vite que d'argumenter".

Tous ces cas sont des viols et/ou des agressions sexuelles. Dans tous ces cas, l’agresseur a arraché, acheté, négocié le consentement.


Et c'est précisément cela qui abîme la victime, amenuise la confiance en elle, bien plus parfois, que l'acte en lui même.


Le consentement est un leurre, un piège. Cette victoire obtenue par les militantes féministes ne doit pas être considérée comme une fin en soi, mais comme un étape intermédiaire, nécessaire à l'amélioration de la condition des femmes et des enfants.

Cette étape est insatisfaisante, le terme consentement est imprécis, et trop flou dans bien des consciences.


Ce dont on parle dans le langage usuel est en réalité du non respect du consentement de la victime par l'agresseur. Raccourci de langage terrible, qui entretient - en plus des idées sous-jacentes de la passivité féminine - un flou terrible sur nos capacités à nous protéger en tant qu'individus, et sur nos capacités à protéger et éduquer nos enfants.


Car oui, c'est aussi une autre faille de cette pernicieuse notion : certaines études rapportent que les violences sexuelles sur mineurs vont de 37% à 52%. Comment un enfant peut-il avoir une prise de décision libre et éclairée face à un adulte ? Comment peut-on possiblement estimer un âge limite en dessous duquel le consentement n'est pas possible ? Est-ce au final utile de s'en préoccuper d'ailleurs, quand on sait que l'agresseur n'écoute jamais ce non ? Quand il en rit ? Quand il en jouit ?


Que faire du consentement quand la victime est en état de sidération, dans une société qui utilise les expressions telles que "qui ne dit mot consent" ?


Cette notion patriarcale de consentement, nous ramène à l'état de passivité, tout comme pour Lucrèce : nous devons consentir et nous ne pouvons être désirantes !


Et ces messieurs, alors ? Sont-ils heureux de n'être que consentis ? Ne préféraient-ils pas être désirés ? Sans compter que pour eux, on ne parle jamais de consentement... Avez-vous déjà entendu : ce mari a consenti à faire l'amour à sa femme ?


Le consentement n'est pas assez ! Ce n'est pas ainsi qu'il faut envisager notre sexualité et nos rapports.


Ni pour protéger les victimes, ni pour notre épanouissement sexuel.


Ayons plus d'ambition érotique, dépassons la conception puritaine et, fondamentalement patriarcale de consentement. Parlons désormais du terme qui convient dans un rapport sexuel : le désir !



Pour aller plus loin:



Associations et ressources d'aides :

Collectif féministe contre le viol :

cfcv.asso.fr au 0800059595

appel anonyme et gratuit








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